Avertissement : la présence sur ce site d'extraits du livre Mein Kampf d'Adolf Hitler ne saurait évidemment être due à leur valeur philosophique intrinsèque, et encore moins à une quelconque proximité de ma part avec les thèses défendues. Il s'agit simplement de pouvoir réfléchir aux implications d'une idéologie totalitaire à partir de documents historiques ayant participé à cette idéologie.
"À qui doit s'adresser la propagande ? Aux intellectuels ou à la masse moins instruite ? Elle doit toujours s'adresser uniquement à la masse !
Toute propagande doit être populaire et placer son niveau spirituel dans la limite des facultés d'assimilation du plus borné parmi ceux auxquels elle doit s'adresser. Dans ces conditions, son niveau spirituel doit être situé d'autant plus bas que la masse des hommes à atteindre est plus nombreuse. Mais quand il s'agit, comme dans le cas de la propagande pour tenir la guerre jusqu'au bout, d'attirer un peuple entier dans son champ d'action, on ne sera jamais trop prudent quand il s'agira d'éviter de compter sur de trop hautes qualités intellectuelles. [...]
L'art de la propagande consiste précisément en ce que, se mettant à la portée des milieux dans lesquels s'exerce l'imagination, ceux de la grande masse dominée par l'instinct, elle trouve, en prenant une forme psychologiquement appropriée, le chemin de son cœur. [...]
Mais si l'on comprend la nécessité de diriger sur la grande masse les facultés de prosélytisme de la propagande, il en résulte l'enseignement suivant :
Il est absurde de donner à la propagande la diversité d'un enseignement scientifique.
La faculté d'assimilation de la grande masse n'est que très restreinte, son entendement petit, par contre, son manque de mémoire est grand. Donc toute propagande efficace doit se limiter à des points fort peu nombreux et les faire valoir à coups de formules stéréotypées aussi longtemps qu'il le faudra, pour que le dernier des auditeurs soit à même de saisir l'idée. Si l'on abandonne ce principe et si l'on veut être universel, on amoindrira ses effets, car la multitude ne pourra ni digérer ni retenir ce qu'on lui offrira. Ainsi le succès sera affaibli et finalement annihilé. [...]
La grande masse d'un peuple ne se compose pas de diplomates, ni de professeurs de droit public, ni même simplement de gens susceptibles de prononcer un jugement raisonnable, mais d'êtres humains aussi hésitants que disposés au doute et à l'indécision. Aussitôt que notre propre propagande concède à la partie adverse une faible lueur de bon droit, la base se trouve déjà posée pour douter de notre propre bon droit. Alors la masse n'est plus en mesure de discerner où finit le tort de l'adversaire et où commence le nôtre. Elle devient dans ce cas inquiète et méfiante, et cela particulièrement si l'adversaire ne commet précisément pas de pareilles extravagances, mais de son côté met à la charge de l'ennemi tous les torts sans exception. [...]
Dans sa grande majorité, le peuple se trouve dans une disposition et un état d'esprit à tel point féminins que ses opinions et ses actes sont déterminés beaucoup plus par l'impression produite sur ses sens que par la pure réflexion.
Cette impression n'est point compliquée, mais très simple et bornée. Ici il n'y a point de nuances, mais seulement la notion positive ou négative d'amour ou de haine, de droit ou de déni de justice, de vérité ou de mensonge ; il n'y a jamais de demi-sentiments. [...]
La propagande n'est point faite pour procurer constamment d'intéressants passe-temps à de petits messieurs blasés, mais pour convaincre, et c'est la masse qu'il s'agit de convaincre. Mais celle-ci a toujours besoin, dans sa lourdeur, d'un certain temps pour se trouver prête à prendre connaissance d'une idée, et n'ouvrira sa mémoire qu'après la répétition mille fois renouvelée des notions les plus simples.
Aucune diversité ne doit, en aucun cas, modifier la teneur de ce qui fait l'objet de la propagande, mais doit toujours, en fin de compte, redire la même chose.
Le mot d'ordre peut bien être éclairé de différents côtés, mais le but de tout exposé doit se ramener toujours à la même formule. C'est ainsi seulement que la propagande peut et doit agir avec esprit de suite et cohésion."
Hitler, Mein Kampf - Mon Combat, 1924, tr. Fr. J. Gaudefroy-Demombynes et A. Calmettes, Nouvelles éditions latines, 1934, p. 180-181 et p. 185.
"[p. 111] La force qui a mis en branle les grandes avalanches historiques dans le domaine politique ou religieux, fut seulement, de temps immémorial, la puissance magique de la parole parlée. La grande masse d’un peuple se soumet toujours à la puissance de la parole. Et tous les grands mouvements sont des mouvements populaires, des éruptions volcaniques de passions humaines et d’états d’âme, soulevées ou bien par la cruelle déesse de la misère ou bien par les torches de la parole jetée au sein des masses, - jamais par les jets de limonade de littérateurs esthétisants et de héros de salon.
Seule, une tempête de passion brûlante peut changer le destin des peuples ; mais seul peut provoquer la passion celui-là qui la porte en lui-même. Elle seule octroie à ses élus les paroles qui, comme des coups de marteaux, ouvrent les portes du cœur d'un peuple. Celui qui ne connaît pas la passion, celui dont la bouche est close, celui-là n'est pas élu par le ciel pour proclamer sa volonté. […]
[p. 122] En général, l’art de tous les vrais chefs du peuple de tous temps consiste surtout à concentrer l’attention du peuple sur un seul adversaire, à ne pas la laisser se disperser. Plus cette assertion de la volonté de combat d’un peuple est concentrée, plus grande est la force d’attraction magnétique d’un pareil mouvement, plus massive est sa puissance de choc. L’art de suggérer au peuple que les ennemis les plus différents appartiennent à la même catégorie est d’un grand chef. Au contraire, la conviction que les ennemis sont multiples et variés devient trop facilement, pour des esprits faibles et hésitants, une raison de douter de leur propre cause. Aussitôt que la masse se voit en lutte contre beaucoup d'ennemis, elle se pose cette question : est-il possible que tous les autres aient vraiment tort et que, seul, notre mouvement soit dans son droit ?
C'est alors que ses forces se paralysent. C'est pour cela qu'il faut toujours mettre dans le même tas une pluralité d'adversaires les plus variés, pour qu'il semble à la masse de nos propres partisans que la lutte est menée contre un seul ennemi. Cela fortifie la foi dans son propre droit et augmente son exaspération contre ceux qui s'y attaquent. […]
[p. 180] A qui doit s'adresser la propagande ~ Aux intellectuels ou à la masse moins instruite ?
Elle doit toujours s’adresser uniquement à la masse !
Pour les intellectuels, ou tout au moins pour ceux que trop souvent on appelle ainsi, est destinée non la propagande, mais l’explication scientifique. Quant à la propagande, son contenu est aussi peu de la science qu’une affiche n’est de l’art, dans la forme où elle est présentée. […].
La tâche de la propagande consiste non à instruire scientifiquement l'individu isolé, mais à attirer l'attention des masses sur des faits, événements, nécessités, etc., déterminés, et dont on ne peut faire comprendre l'importance aux masses que par ce moyen. Ici l’art consiste exclusivement à procéder d’une façon [p. 181] tellement supérieure, qu’il en résulte une conviction générale sur la réalité d’un fait, la nécessité d’un événement, le caractère juste d’une nécessité [..] son action doit toujours faire appel au sentiment et très peu à la raison.
Toute propagande doit être populaire et placer son niveau spirituel dans la limite des facultés d’assimilation du plus borné parmi ceux auxquels elle doit s’adresser. Dans ces conditions, son niveau spirituel doit être situé d’autant plus bas que la masse des hommes à atteindre est plus nombreuse. Mais quand il s'agit, comme dans le cas de la propagande pour tenir la guerre jusqu'au bout, d'attirer un peuple entier dans son champ d'action, on ne sera jamais trop prudent quand il s'agira d'éviter de compter sur de trop hautes qualités intellectuelles.
Plus sa teneur scientifique est modeste, plus elle s'adresse exclusivement aux sens de la foule, plus son succès sera décisif. Ce dernier est la meilleure preuve de la valeur d'une propagande, beaucoup plus que ne le serait l'approbation de quelques cerveaux instruits ou de quelques jeunes esthètes.
L'art de la propagande consiste précisément en ce que, se mettant à la portée des milieux dans lesquels s'exerce l'imagination, ceux de la grande masse dominée par l'instinct, elle trouve, en prenant une forme psychologiquement appropriée, le chemin de son cœur. Que ceci ne soit pas compris par ceux qui chez nous sont censés atteindre le comble de la sagesse, cela démontre seulement leur paresse d'esprit ou leur présomption.
Mais si l'on comprend la nécessité de diriger sur la grande masse les facultés de prosélytisme de la propagande, il en résulte l'enseignement suivant :
Il est absurde de donner à la propagande la diversité d'un enseignement scientifique.
La faculté d'assimilation de la grande masse n'est que très restreinte, son entendement petit, par contre, son manque de mémoire est grand.
Donc toute propagande efficace doit se limiter à des points fort peu nombreux et [p. 182] les faire valoir à coups de formules stéréotypées aussi longtemps qu’il le faudra, pour que le dernier des auditeurs soit à même de saisir l’idée. Si l'on abandonne ce principe et si l'on veut être universel, on amoindrira ses effets, car la multitude ne pourra ni digérer ni retenir ce qu'on lui offrira. Ainsi le succès sera affaibli et finalement annihilé. Ainsi, plus le contenu de l'exposé doit être ample, plus est nécessaire la justesse psychologique dans la détermination de la tactique. […]
[p. 183] Ce qui était le plus mal compris était la première de toutes les conditions nécessaires pour n'importe quelle propagande en général : notamment la position systématiquement unilatérale à l’égard de la question traitée. […]
[p. 184] Aussitôt que notre propre propagande concède à la partie adverse une faible lueur de bon droit, la base se trouve déjà posée pour douter de notre propre bon droit [..] Ici il n'y a point de nuances, mais seulement la notion positive ou négative d'amour ou de haine, de droit ou de déni de justice, de vérité ou de mensonge ; il n’y a jamais de demi-sentiments. […]
[p. 186] Le mot d’ordre peut bien être éclairé de différents côtés, mais le but de tout exposé doit se ramener toujours à la même formule.
Ce qui est l'objet de notre lutte, c'est d'assurer l'existence et le développement de notre race et de notre peuple, c'est de nourrir ses enfants et de conserver la pureté du sang, la liberté et l’indépendance de la patrie, afin que notre peuple puisse mûrir pour l’accomplissement de la mission qui lui est destinée par le Créateur de l’univers."
Hitler, Mein Kampf, 1925, Tome I, Chapitre 3 : Considérations politiques générales touchant mon séjour à Vienne, et Chapitre 6 : Propagande de guerre.
"Avant de prendre le pouvoir et d'établir un monde conforme à leurs doctrines, les mouvements totalitaires suscitent un monde mensonger et cohérent qui, mieux que la réalité elle-même, satisfait les besoins de l'esprit humain ; dans ce monde, par la seule vertu de l'imagination, les masses déracinées se sentent chez elles et se voient épargner les coups incessants que la vie réelle et les expériences réelles infligent aux êtres humains et à leurs attentes. La force de la propagande totalitaire - avant que les mouvements aient le pouvoir de faire tomber un rideau de fer pour empêcher qui que ce soit de troubler, par la moindre parcelle de réalité, la tranquillité macabre d'un monde entièrement imaginaire - repose sur sa capacité à couper les masses du monde réel. Les seuls signes que le monde réel offre encore à l'entendement des masses non intégrées et en voie de désintégration - et que chaque nouveau coup du sort rend plus crédules - sont, pour ainsi dire, ses lacunes : les questions qu'il dédaigne de discuter en public, ou les rumeurs qu'il n'ose pas contredire parce qu'elles touchent, quoique de façon exagérée et déformée, un point sensible".
Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme, 1951, Troisième partie : Le totalitarisme, chapitre XI, 1, trad. Jean-Louis Bourget, Robert Davreux et Pierre Lévy, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 2002, p. 672-673.
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