"Je cherchais K. dans les lits. J'ai reconnu des têtes, on s'est fait un signe. Je marchais sans faire de bruit le long des lits. Je cherchais K.
J'ai demandé à l'infirmier qui était près du poêle :
– Où est K. ?
Il m'a répondu surpris :
– Ben quoi tu es passé devant. Il est là.
Et il me désignait, vers la porte, un des lits devant lesquels j'étais en effet passé. Je suis revenu sur mes pas et, dans les lits proches de la porte, j'ai regardé chaque tête sur son oreiller. Je n'ai pas vu K. Arrivé près de la porte, je me suis retourné et j'ai vu un type qui était couché lorsque j'étais passé la première fois et qui venait de se relever et se tenait appuyé sur ses coudes. Il avait un long nez, des creux à la place des joues, des yeux bleus à peine éteints et un pli de la bouche qui pouvait être un sourire.
Je me suis approché de lui, je croyais qu'il me regardait ; je me suis approché très près, puis j'ai déplacé ma tête sur le côté ; la sienne n'a pas bougé et sa bouche a gardé le même pli.
Je suis alors allé vers le lit voisin et j'ai demandé à celui qui était appuyé sur ses coudes.
J'ai regardé celui qui était K. J'ai eu peur, peur de moi. Pour me rassurer, j'ai regardé d'autres têtes, je les reconnaissais bien, je ne me trompais pas, je savais encore qui ils étaient. L'autre était toujours appuyé sur ses bras, la tête pendante, la bouche entrouverte. Je me suis approché de nouveau, j'ai penché la tête au-dessus de lui, j'ai longtemps regardé les yeux bleus, puis je me suis écarté : les yeux n'ont pas bougé;
Je regardais les autres. Ils étaient calmes, je les reconnaissais toujours, et, sûr que je les reconnaissais toujours, je suis revenu aussitôt vers lui.
Je l'ai regardé alors par dessous, je l'ai examiné, je l'ai tellement regardé que j'ai fini par lui dire, pour voir, à voix très basse, de tout près :
– Bonsoir, mon vieux.
Il n'a pas bougé. Je ne pouvais pas me montrer davantage. Il gardait cette espèce de sourire sur la bouche.
Je ne reconnaissais rien.
J'ai fixé alors le nez, on devait pouvoir reconnaître un nez. Je me suis accroché à ce nez, mais il n'indiquait rien. Je ne pouvais rien trouver. J'étais impuissant.
Je me suis éloigné de son lit. Plusieurs fois, je me suis retourné, j'espérais chaque fois que la figure que je connaissais m'apparaîtrait, mais je ne retrouvais même pas le nez. Toujours rien que la tête pendante et la bouche entrouverte de personne."
Robert Antelme, L'Espèce humaine, 1947, Gallimard, tel, p. 179.
"Depuis la sortie de Wernigerod, je traîne la jambe. Mes genoux ne se délient plus ; je vais penché en avant, la tête baissée. Parfois je la relève ; je respire longuement, j'essaye de sortir de ma torpeur, mais ce sont les jambes qui s'épuisent. Je tente de modifier cette démarche dangereuse, de me surveiller. Je raidis les jarrets, je soulève alternativement chaque pied de terre, comme si je pédalais, mais mes jambes sont de plomb, et ma tête aussi est très lourde. Si je fermais les yeux, je m'effondrerais.
Sur la droite, au milieu d'un champ, se rapproche un grand silo. C'est probablement là que l'on va. Il n'y a rien d'autre en vue où l'on puisse s'arrêter. On s'en rapproche, mes pieds raclent de plus en plus le sol, je ne vois plus rien de la campagne que ce toit. Je sais qu'arrivé, je vais tomber. Je ne peux plus faire aucun effort que celui de traîner mes pieds. Je ne pourrais plus me retourner, ni me baisser. J'ai mal au ventre, mais je ne veux pas m'arrêter sur le bord de la route, je ne me relèverais pas. Le toit se rapproche, j'ai calculé mes forces en vue de cette distance. J'étais sûr que je ne pourrais pas aller plus loin. Pourtant, nous sommes à la hauteur du hangar et nous ne tournons pas vers la droite, nous le dépassons. Je ne sais pas comment je peux avancer encore, quelle est la limite de mes forces. Je suis deux pieds qui traînent l'un après l'autre et une tête qui pend. Je pourrais tomber ici, j'aurais même pu tomber avant le hangar ; mais il n'y a pas de moment où il faut tomber, où l'on peut tomber. Je tomberai ou je ne tomberai pas ; si je tombe, c'est le corps qui aura décidé. Moi, je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que je ne peux plus marcher, et que je marche.
Au loin, on distingue une longue cheminée de brique. C'est peut-être là. La route monte lentement. Le soir est limpide. Aujourd'hui on n'a pas fusillé. Tout à l'heure on dormira. Mais je ne sais pas si j'arriverai jusqu'à la cheminée. Elle grandit. Je ne cesse pas de faire des pas et d'avancer, je gagne de la route, comme ceux qui ne sont pas fatigués ; quand je me demande si je vais arriver, j'avance, la décision du corps est constante, là-dessus je peux m'interroger, marteler « il faut, il faut », ou laisser pendre mon cou, les pieds avancent toujours. Pourtant, je ne peux plus, je ne peux plus et la cheminée est là, on tourne à droite, encore cent mètres, c'est là, on est arrivé, je ne peux plus, on est arrivé mais on marche encore, c'est là. La colonne est arrêtée. Je me couche par terre. J'aurais pu continuer."
Robert Antelme, L'Espèce humaine, 1947, Gallimard, tel, p. 247.
"Il n'y a pas d'ambiguïté, nous restons des hommes, nous ne finirons qu'en hommes. La distance qui nous sépare d'une autre espèce reste intacte, elle n'est pas historique. C'est un rêve de S.S. de croire que nous avons pour mission historique de changer d'espèce, et comme cette mutation se fait trop lentement, ils tuent. Non, cette maladie extraordinaire n'est autre chose qu'un moment culminant de l'histoire des hommes. Et cela peut signifier deux choses : d'abord que l'on fait l'épreuve de la solidité de cette espèce, de sa fixité. Ensuite, que la variété des rapports entre les hommes, leur couleur, leurs coutumes, leur formation en classes masquent une vérité qui apparaît ici éclatante, au bord de la nature, à l'approche de nos limites : il n'y a pas des espèces humaines, il y a une espèce humaine. C'est parce que nous sommes des hommes comme eux que les S.S. seront en définitive impuissants devant nous. C'est parce qu'ils auront tenté de mettre en cause l'unité de cette espèce qu'ils seront finalement écrasés. Mais leur comportement et notre situation ne sont que le grossissement, la caricature extrême – où personne ne veut, ni ne peut sans doute se reconnaître – de comportements, de situations qui sont dans le monde et qui sont même cet ancien « monde véritable » auquel nous rêvons. Tout se passe effectivement là-bas comme s'il y avait des espèces – ou plus exactement comme si l'appartenance à l'espèce n'était pas sûre, comme si l'on pouvait y entrer et en sortir, n'y être qu'à demi ou y parvenir pleinement, ou n'y jamais parvenir même au prix de générations –, la division en races ou en classes étant le canon de l'espèce et entretenant l'axiome toujours prêt, la ligne ultime de défense : « Ce ne sont pas des gens comme nous »."
Robert Antelme, L'Espèce humaine, 1947, Gallimard, tel, p. 229.
"Les camps de concentration et d'extermination des régimes totalitaires servent de laboratoires où la croyance fondamentale du totalitarisme – tout est possible – se trouve vérifiée. […]
La domination totale, qui s'efforce d'organiser la pluralité et la différenciation infinies des êtres humains comme si l'humanité entière ne formait qu'un seul individu, n'est possible que si tout le monde sans exception peut être réduit à une identité immuable de réactions: ainsi chacun de ces ensembles de réactions peut à volonté être changé pour n'importe quel autre. Le problème est de fabriquer quelque chose qui n'existe pas: à savoir une sorte d'espèce humaine qui ressemble aux autres espèces animales et dont la seule « liberté » consisterait à « conserver l'espèce ». La domination totalitaire essaie d'atteindre ce but de deux manières à la fois : l'endoctrinement idéologique des formations d'élite, et par la terreur absolue des camps ; et les atrocités pour lesquelles les formations d'élite sont utilisées sans merci deviennent, en somme l'application pratique de l'endoctrinement – le banc d'essai où ce dernier doit faire ses preuves – tandis que l'effroyable spectacle des camps eux-mêmes est censé fournir la vérification « théorique » de l'idéologie. Les camps ne sont pas seulement destinés à l'extermination des gens et à la dégradation des êtres humains : ils servent aussi à l'horrible expérience qui consiste à éliminer, dans des conditions scientifiquement contrôlées, la spontanéité elle-même en tant qu'expression du comportement humain et à transformer la personnalité humaine en une simple chose, en quelque chose que même les animaux ne sont pas […].
Dans des circonstances normales ce dessein ne peut jamais être accompli. […] Seuls les camps de concentration rendent une telle expérience tant soit peu possible. Ils ne sont donc pas seulement « la société la plus totalitaire jamais réalisée » (David Rousset), ils sont aussi l'idéal social exemplaire de la domination totale en général. […] Nombreux sont les récits de survivants. Plus ils sont authentiques, moins ils cherchent à communiquer de choses qui échappent à l'entendement et à l'expérience des hommes, c'est-à-dire des souffrances qui transforment les hommes en «animaux résignés». Aucun de ces récits n'inspire cette colère devant le crime et cette sympathie qui ont toujours mobilisé les hommes au service de la justice. Au contraire, tout homme qui parle ou écrit à propos des camps de concentration est encore tenu pour suspect; et si celui qui parle a résolument regagné le monde des vivants, il est souvent assailli de doutes sur sa propre bonne foi, aussi tenaces que s'il avait pris un cauchemar pour la réalité. […].
Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme, 1951, Troisième partie : Le totalitarisme, chapitre XII, 3, trad. Jean-Louis Bourget, Robert Davreux et Pierre Lévy, Paris, Gallimard, coll. Quarto, 2002, p. 782-783.
"Nuit et jour les convois arrivaient aux camps de concentration, aux camps de la mort. L'air rempli du bruit des roues, des sifflets de locomotives, du piétinement sourd des centaines de milliers de détenus, un nombre de cinq chiffres cousus à leurs vestes, qui allaient au travail. Les camps étaient devenus les villes de la Nouvelle Europe. Ils croissaient et s'étendaient, ils avaient leurs plans, leurs rues et leurs places, leurs hôpitaux, leurs marchés de troc, leurs crématoires et leurs stades.
Comme elles semblaient naïves et même attendrissantes, les vieilles prisons blotties dans les faubourgs, en comparaison de ces villes, en comparaison du halo rouge et noir, du halo de terreur, au-dessus des fours crématoires.
On aurait pu croire qu'il fallait pour contrôler cette énorme masse de prisonniers une armée de surveillants, des millions de gardiens, mais il n'en était rien. Les uniformes S.S. ne se montraient pas dans les baraquements pendant des semaines entières. Les détenus eux-mêmes avaient pris sur eux la tâche d'assurer la surveillance policière à l'intérieur des camps. Les détenus eux-mêmes veillaient au respect du règlement intérieur dans les baraques, veillaient à ce que seules des pommes de terre pourries et gelées aillent dans leurs chaudrons, tandis que les bonnes, soigneusement triées, allaient approvisionner l'armée.
Les détenus étaient médecins dans les hôpitaux, bactériologues dans les laboratoires des camps ; ils balayaient les trottoirs des camps, ils étaient les ingénieurs qui donnaient la lumière et la chaleur aux camps fournissaient les pièces détachées aux machines des camps.
Les kapos, la féroce police des camps, reconnaissables à leur large brassard sur la manche gauche, les Lagerälteste, Blockälteste, Stubenälteste tenaient sous leur contrôle toute la vie du camp du haut jusqu'en bas. Cela allait d'affaires concernant tout le camp aux affaires privées qui se déroulaient la nuit sur les châlits. Les détenus avaient accès aux affaires les plus secrètes de l'État carcéral : ils prenaient part à l'établissement des listes de « sélection », au travail sur les détenus dans les Dunkelkammer, les boîtes noires en béton. On avait l'impression que les chefs pouvaient disparaître, les détenus auraient maintenu le courant à haute tension dans les fils pour ne pas se sauver et continuer à travailler."
Vassili Grossman, Vie et destin, 1962, tr. fr. Alexis Berelowitch, Le Livre de Poche, 2005, p. 35-37.
"Eôs aux doigts de rose, si souvent mentionnée par Homère et que les Latins appellent l'Aurore, a caressé de la main le premier petit matin de l'Archipel. Lorsque nos compatriotes eurent appris par la BBC la découverte de M. Mikhaïlov, à savoir que l'existence des camps de concentration dans notre pays remontait déjà à 1921 –, beaucoup d'entre nous (beaucoup d'occidentaux aussi) furent sidérés : si tôt ! cela se peut-il ? dès 1921 ! est-il possible ?
Bien sûr que non ! Bien sûr que Mikhailov se trompe. En 1921, ils fonctionnaient déjà à plein régime, nos camps de concentration (ils étaient même en train de toucher à leur fin. Il serait bien plus juste de dire que l'Archipel est né au son des canons de l'Aurore[1].
Comment eût-il pu en être autrement ? Réfléchissons.
Marx et Lénine n'ont-ils pas enseigné la nécessité de briser l'ancienne machine coercitive de la bourgeoisie pour la remplacer sur-le-champ en en créant une nouvelle ? Or la machine coercitive comprend : l'armée (nous ne sommes pas étonnés de voir se constituer l'Armée rouge au début de 1918) ; la police (la milice est rénovée avant même l'armée) ; les tribunaux (à partir du 22 novembre 1917) – et les prisons. Pourquoi donc, au moment où l'on instaurait la dictature du prolétariat, eût-on dû tarder à introduire une nouvelle espèce de prison ?
Autrement dit, et d'une façon plus générale, prendre du retard en matière de prison, ancien style ou nouveau style, était une chose rigoureusement impossible. Dès les premiers mois qui suivirent la révolution d'Octobre, Lénine exigeait « les mesures les plus résolues et les plus draconiennes pour relever la discipline »[2]. Or des mesures draconiennes sont-elles possibles sans prison ?
Quelles nouveautés en la matière l'État prolétarien est-il susceptible d'apporter ? Ilitch [Lénine] explora de nouvelles voies. En décembre 1917, à titre d'hypothèse de travail, il propose l'arsenal suivant de châtiments : « confiscation de tous les biens [...], détention en prison, expédition au front et travaux forcés pour tous les contrevenants à la présente loi »[3]. Nous pouvons donc noter que l'idée directrice de l'Archipel, les travaux forcés, a été avancée dès le premier mois de l'après-Octobre.
D'ailleurs, le futur système répressif ne pouvait pas ne pas faire l'objet des méditations d'Ilitch à l'époque où il se reposait encore paisiblement à Razliv, parmi les effluves embaumés de la fenaison, bercé par le murmure des bourdons. Dès cette époque, il avait calculé pour notre plus grand apaisement que « l'écrasement d'une minorité d'exploiteurs par la majorité des esclaves mercenaires de la veille était une tâche relativement si aisée, si simple et si naturelle qu'elle coûterait beaucoup moins de sang [...] et reviendrait à l'humanité beaucoup moins cher »[4] que l'écrasement d'antan de la majorité par une minorité."
Alexandre Soljénitsyne, L'archipel du Goulag, 1973, 3e partie, 1, tr. fr. José Johannet, Seuil, 1974, Tome 2, p. 9-10.
[1] C'est-à-dire dès le premier jour de la révolution, le 23 octobre 17 novembre 1917, quand le croiseur Aurore, passé aux bolcheviks, tira ses salves sur le palais d'Hiver qui abritait le gouvernement provisoire (NdT).
[2] Lénine, Polnoïé sobranié sotchinéniï [Œuvres complètes], 5e éd., t. 36, p. 217.
[3] Ibid., t. 35, p. 176.
[4] Lénine, Œuvres complètes., t. 33, p. 90.
"Mais les camps de travail forcé n'ont tout de même pas été les PREMIERS camps en RSFSR[1]. Le lecteur a déjà rencontré, en lisant les sentences des tribunaux (1ère partie, chap. VII), les mots « camp de concentration », et il a peut-être cru que nous avions fait un lapsus ? que nous faisions usage, par inadvertance, d'une terminologie postérieure? Il n'en est rien.
En août 1918, quelques jours avant l'attentat perpétré contre lui par Fanny Kaplan, Vladimir Ilitch [Lénine], dans un télégramme adressé à Eugénie Bosch, écrivait ce qui suit : « Enfermer les douteux [non pas les "coupables", les douteux – A.S.] dans un camp de concentration hors de la ville. »[2] En outre : « …faire régner une terreur massive et sans merci... » - notez que le Décret n'existait pas encore.
Et le 5 septembre 1918, une dizaine de jours après ce télégramme, fut publié le Décret du SNK sur la Terreur rouge, signé Pétrovski, Kourski et Bontch-Brouïévitch. Outre les instructions concernant les exécutions massives par fusillade, il y était notamment prescrit de « protéger la république des Soviets contre ses ennemis de classe en isolant ces derniers dans des camps de concentration »[3].
Voilà donc où il a été trouvé et immédiatement saisi au vol, ce terme de camps de concentration, l’un des termes majeurs du XXe siècle, promis à un si vaste avenir international ! Et voilà à quel moment : août et septembre 1918. Le mot lui-même s'était déjà employé pendant la Première Guerre mondiale, mais s'agissant de prisonniers de guerre, d'étrangers indésirables. Ici, pour la première fois, il est appliqué aux citoyens du pays lui-même. Le transfert de sens est compréhensible : un camp de concentration pour prisonniers n'est point une prison, c'est le lieu indispensable où les concentrer préventivement. C'est ainsi que les compatriotes douteux se virent désormais proposer des lieux de concentration préventive extrajudiciaire. Un esprit énergique, s'étant représenté en pensée des non-condamnés entourés de barbelés, y trouva l’occasion d'inventer le mot dont on avait besoin : kontsentratsionnyïé, « de concentration » !"
Alexandre Soljénitsyne, L'archipel du Goulag, 1973, 3e partie, 1, tr. fr. José Johannet, Seuil, 1974, Tome 2, p. 15.
[1] La République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFS de Russie ou RSFSR), était la république dominante tant politiquement qu'économiquement.des 15 républiques socialistes soviétiques formant l'ex-URSS.
[2] Lénine, Œuvres complètes, 5e éd., t. 50, p. 143-144.
[3] Recueil des dispositions législatives de la RSFSR pour 1918, n° 65, p. 710.
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