* *

Texte à méditer :   Le progrès consiste à rétrograder, à comprendre [...] qu'il n'y avait rien à comprendre, qu'il y avait peut-être à agir.   Paul Valéry
* *
Figures philosophiques

Espace élèves

Fermer Cours

Fermer Méthodologie

Fermer Classes préparatoires

Espace enseignants

Fermer Sujets de dissertation et textes

Fermer Elaboration des cours

Fermer Exercices philosophiques

Fermer Auteurs et oeuvres

Fermer Méthodologie

Fermer Ressources en ligne

Fermer Agrégation interne

Hors des sentiers battus
Désir et besoin
  "Il faut se rendre compte que parmi nos désirs les uns sont naturels, les autres vains, et que, parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires et les autres naturels seulement. Parmi les désirs nécessaires, les uns sont nécessaires pour le bonheur, les autres pour la tranquillité du corps, les autres pour la vie même. Et en effet une théorie non erronée des désirs doit rapporter tout choix et toute aversion à la santé du corps et à l'ataraxie [1] de l'âme, puisque c'est là la perfection même de la vie heureuse. Car nous faisons tout afin d'éviter la douleur physique et le trouble de l'âme. Lorsqu'une fois nous y avons réussi, toute l'agitation de l'âme tombe, l'être vivant n'ayant plus à s'acheminer vers quelque chose qui lui manque, ni à chercher autre chose pour parfaire le bien-être de l'âme et celui du corps. Nous n'avons en effet besoin du plaisir que quand, par suite de son absence, nous éprouvons de la douleur; et quand nous n'éprouvons pas de douleur nous n'avons plus besoin du plaisir. […]
  C'est un grand bien à notre avis que de se suffire à soi-même, non qu'il faille toujours vivre de peu, mais afin que si l'abondance nous manque, nous sachions nous contenter du peu que nous aurons, bien persuadés que ceux-là jouissent le plus vivement de l'opulence qui ont le moins besoin d'elle, et que tout ce qui est naturel est aisé à se procurer, et ce qui ne répond pas à un désir naturel, malaisé à se procurer. […]
  Quand donc nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs de l'homme déréglé, ni de ceux qui consistent dans les jouissances matérielles, ainsi que l'écrivent des gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens. Le plaisir dont nous parlons est celui qui consiste, pour le corps à ne pas souffrir et, pour l'âme, à être sans trouble".

 

Épicure (341-270 av. J.-C.), Lettre à Ménécée, trad. O. Hamelin, Nathan, 1982, p. 77-79.


[1] Littéralement, absence de trouble. Quiétude d'esprit que rien ne trouble.



  "BESOIN, s. m. c'est un sentiment désagréable, occasionné par l'absence aperçue, et la présence désirée d'un objet. Il s'ensuit de-là, 1°. que nous avons deux sortes de besoins ; les uns du corps, qu'on nomme appétits ; les autres de l'esprit, qu'on appelle désirs : 2°. que puisqu'ils sont occasionnés par l'absence d'un objet, ils ne peuvent être satisfaits que par sa présence : 3°. que puisque l'absence de l'objet qui occasionnait le besoin était désagréable, la présence de l'objet qui le satisfait est douce : 4°. qu'il n'y a point de plaisir sans besoin : 5°. que l'état d'un homme qui aurait toujours du plaisir, sans avoir jamais éprouvé de peine, ou toujours de la peine, sans avoir connu le plaisir, est un état chimérique : 6°. que ce sont les alternatives de peines & de plaisirs, qui donnent de la pointe aux plaisirs et de l'amertume aux peines : 7°. qu'un homme né avec un grand chatouillement qui ne le quitterait point, n'aurait aucune notion de plaisir : 8°. que des sensations ininterrompues ne feraient jamais ni notre bonheur ni notre malheur : 9°. que ce n'est pas seulement en nous-mêmes que les besoins sont la source de nos plaisirs et de nos peines, mais qu'ils ont donné lieu à la formation de la société, à tous les avantages qui l'accompagnent, et à tous les désordres qui la troublent. Supposons un homme formé et jeté dans cet univers comme par hasard, il repaîtra d'abord ses yeux de tout ce qui l'environne ; il s'approchera ou s'éloignera des objets, selon qu'il en sera diversement affecté : mais au milieu des mouvements de la curiosité qui l'agiteront, bientôt la faim se fera sentir, et il cherchera à satisfaire ce besoin. À peine ce besoin sera-t-il satisfait, qu'il lui en surviendra d'autres qui l'approcheront de ses semblables, s'il en rencontre : la crainte, dit l'auteur de l'Esprit des lois, porte les hommes à se fuir ; mais les marques d'une crainte réciproque doivent les engager à se réunir. Ils se réunissent donc ; ils perdent dans la société le sentiment de leur faiblesse, et l'état de guerre commence. La société leur facilite et leur assure la possession des choses dont ils ont un besoin naturel : mais elle leur donne en même tems la notion d'une infinité de besoins chimériques, qui les pressent mille fois plus vivement que des besoins réels, et qui les rendent peut-être plus malheureux étant rassemblés qu'ils ne l'auraient été dispersés."

 

Diderot, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, tome 2, article "Besoin", 1751.


 "Les premiers instants de l'homme sont marqués par des besoins ; c'est-à-dire, pour conserver son être, il faut nécessairement le concours de plusieurs causes analogues à lui, sans lesquelles il ne pourrait se maintenir dans l’existence qu’il a reçue ; ces besoins dans un être sensible se manifestent par un désordre, un affaissement, une langueur dans sa machine qui lui donnent la conscience d’une sensation pénible : ce dérangement subsiste et augmente jusqu’à ce que la cause nécessaire pour la faire cesser vienne rétablir l'ordre convenable à la machine humaine. Le besoin est le premier des maux que l’homme éprouve ; cependant ce mal est nécessaire au maintien de son être, qu’il ne serait point averti de conserver, si le désordre de son corps ne l’obligeait à y porter remède. Sans besoins, nous ne serions que des machines insensibles, semblables aux végétaux, incapables comme eux de nous conserver ou de prendre les moyens de persévérer dans l’existence que nous avons reçue. C’est à nos besoins que sont dus nos passions, nos désirs, l'exercice de nos facultés corporelles et intellectuelles ; ce sont nos besoins qui nous forcent à penser, à vouloir, à agir ; c'est pour les satisfaire, ou pour mettre, fin aux sensations pénibles qu’ils nous causent que suivant notre sensibilité naturelle et l’énergie qui nous est propre, nous déployons les forces soit de notre corps soit de notre esprit. Nos besoins étant continuels, nous sommes obligés de travailler sans relâche à nous procurer les objets capables de les satisfaire ; en un mot c'est par ses besoins multipliés que l'énergie de l'homme est dans une action perpétuelle ; dès qu'il n'a plus de besoins, il tombe dans l'inaction, dans l'apathie, dans l'ennui, dans une langueur incommode et nuisible à son être, état qui dure jusqu'à ce que de nouveaux besoins viennent le ranimer ou le réveiller de cette léthargie."

 
Paul-Henri Thiry D'Holbach, Système de la nature, 1770, 2e partie, Chapitre I, in Œuvres philosophiques complètes, tome II, Éditions Alive, 1999, p. 390.

 
  "Une Nation [...] peu contente d'avoir satisfait ses besoins réels par un commerce étendu, s'occupe à en inventer de fictifs et de surnaturels : la satiété l'endort ; le changement lui devient nécessaire ; la langueur et l'ennui, bourreaux assidus de l'opulence, suivent les besoins satisfaits : pour tirer les riches de cette léthargie, l'industrie est forcée d'imaginer à tout moment de nouvelles façons de sentir : les plaisirs se multiplient ; la nouveauté, la rareté, la bizarrerie ont seules le pouvoir de réveiller des êtres pour qui les plaisirs simples sont devenus insipides. Tout se change en fiction ; le luxe comme la féerie ne fait naître que des fantômes : des imaginations malades ne se soulagent que par des remèdes imaginaires. L'avidité, le désir d'acquérir des richesses, afin de les étaler et de les dissiper, sont les passions épidémiques : personne n'est content de ce qu'il a, chacun est envieux de ce que possèdent les autres ; personne ne peut être heureux, à force de vouloir le paraître."
 
D'Holbach, La Politique naturelle, ou Discours sur les vrais principes du gouvernement, 1773, Tome second, Discours IX, § 9, in d'Holbach portatif, J.J. Pauvert, Coll. Libertés, 1967.

 

  Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d'abord étudié dans son ensemble.

 

  "Que notre vie était heureuse, c'est ce dont nous ne nous apercevons qu'au moment où ces jours heureux ont fait place à des jours malheureux. Autant les jouissances augmentent, autant diminue l'aptitude à les goûter : le plaisir devenu habitude n'est plus éprouvé comme tel. Mais par là même grandit la faculté de ressentir la souffrance ; car la disparition d'un plaisir habituel cause une impression douloureuse. Ainsi la possession accroît la mesure de nos besoins, et du même coup la capacité de ressentir la douleur. - Le cours des heures est d'autant plus rapide qu'elles sont agréables, d'autant plus lent qu'elles sont plus pénibles ; car le chagrin, et non le plaisir, est l'élément positif, dont la présence se fait remarquer. De même nous avons conscience du temps dans les moments d'ennui, non dans les instants agréables. Ces deux faits prouvent que la partie la plus heureuse de notre existence est celle où nous la sentons le moins."

 

Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, 1819, trad. A. Burdeau, Paris, PUF, 1966, p. 1337.

 

1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

2. Expliquez :

a) « le plaisir devenu habitude n'est plus éprouvé comme tel » ;

b) « la possession accroît la mesure de nos besoins » ;

c) « nous avons conscience du temps dans les moments d'ennui ».

3. N'avons-nous conscience de notre bonheur que lorsqu'il a disparu ?


 

  "Le mouvement et la vie occasionnent dans le corps vivant une déperdition continuelle de substance ; et le corps humain, cette machine si compliquée, serait bientôt hors de service, si la providence n'y avait placé un ressort qui l'avertit du moment où ses forces ne sont plus en équilibre avec ses besoins. Ce moniteur est l'appétit. On entend par ce mot la première impression du besoin de manger. L'appétit s'annonce par un peu de langueur dans l'estomac et une légère sensation de fatigue. En même temps, l'âme s'occupe d'objets analogues à ses besoins ; la mémoire se rappelle les choses qui ont flatté le goût ; l'imagination croit les voir ; il y a là quelque chose qui tient du rêve. Cet état n'est pas sans charmes ; et nous avons entendu des milliers d'adeptes s'écrier dans la joie de leur cœur : « quel plaisir d'avoir un bon appétit, quand on a la certitude de faire bientôt un excellent repas ! » Cependant l'appareil nutritif s'émeut tout entier : l'estomac devient sensible ; les sucs gastriques s'exaltent ; les gaz intérieurs se déplacent avec bruit ; la bouche se remplit de sucs, et toutes les puissances digestives sont sous les armes, comme des soldats qui n'attendent plus que le commandement pour agir. Encore quelques moments, on aura des mouvements spasmodiques, on bâillera, on souffrira, on aura faim."

 

Jean Anthelme Brillat-Savarin, Physiologie du goût, 1825, "Méditation quatre : De l'appétit", Champs Flammarion, p. 60.



  "Une autre composante du désir est le besoin. Le besoin est ressenti comme une situation intolérable qu'il faut faire cesser. Cet état interne que les psychologues appelle motivation provoque une tendance impérieuse (drive) à réaliser l'acte qui le soulagera. L'animal privé de nourriture pendant plusieurs heures se met en quête d'aliments susceptibles de soulager l'état désagréable (aversif) développé en lui par le jeûne ; bien plus, il apprend rapidement tout comportement capable de lui fournir l'aliment qui l'apaise. Lorsque l'animal mange, la tendance de faim se trouve réduite, ce qui réduit le besoin de nourriture. Les actes qui rendent la nourriture accessible sont renforcés c'est-à-dire qu'ils sont plus susceptibles de se produire à l'avenir dans des situations semblables au cours de la privation de nourriture. L'école béhavioriste américaine a largement développé cette théorie - reduction drive theory ou réduction de tendance - qui lie l'apprentissage aux besoins. Un besoin est défini comme suit : « Quand un des produits ou une de conditions nécessaires à la survie de l'individu ou de l'espèce sont manquants ou quand ils s'écartent naturellement d'un optimum, on dit qu'il existe un besoin primaire. »"

 

Jean-Didier Vincent, Biologie des passions, 1986, Points 1988, p. 161.



  "Prenons l'exemple du Coca-Cola, qui peut être vu, à maints égards, comme la marchandise capitaliste ultime et, en tant que telle, comme une incarnation du plus-de-jouir. Il n'est pas surprenant que le Coca ait tout d'abord été introduit comme un médicament : son goût étrange ne procure pas immédiatement la satisfaction ; il n'est même ni plaisant ni séduisant au premier abord. C'est précisément toutefois pour cette raison - parce que le Coca transcende toute valeur d'usage immédiate (à l'inverse de l'eau, de la bière ou du vin qui étanchent réellement la soif ou provoquent effectivement l'effet désiré, à savoir la satisfaction) qu'il fonctionne comme l'incarnation directe de « ça » : un pur plus-de-jouir au-delà de toute satisfaction triviale, un X mystérieux et insaisissable après lequel notre consommation compulsive de marchandises nous fait courir.
  Puisque le Coca ne satisfait aucun besoin concret, on s'attendrait, partant de cette caractéristique, que nous n'en buvions qu' « en plus », c'est-à-dire après qu'une autre boisson a satisfait notre besoin physiologique. Or il n'en est rien : c'est bien plutôt son caractère superflu qui rend notre soif de Coca plus insatiable. Comme l'a bien noté Jacques-Alain Miller, le Coca a cette vertu paradoxale que plus vous en buvez plus vous avez soif et plus votre envie d'en boire à nouveau est grande. Le Coca-Cola, c'est cet étrange goût, doux-amer, qui reste en bouche, et qui rend la soif réellement inextinguible. C'est ainsi qu'il nous faut comprendre la complète ambiguïté du slogan Coca-Cola choisi dans une campagne publicitaire récente (« Le Coca-cola, c'est ça ! ») : « c'est ça » dans la mesure où ce n'est précisément jamais vraiment ça, dans la mesure où toute satisfaction ouvre précisément la brèche du « J'en veux plus ! ». Le paradoxe tient donc au fait que le Coca n'est pas une marchandise comme une autre, au sens où sa valeur d'usage connaît normalement une transsubstantiation, l'ajout de la dimension auratique[1] d'une pure Valeur (d'échange) : cette marchandise recèle une valeur d'usage si singulière qu'elle est déjà une incarnation directe de l'aura suprasensible du « plus » spirituel et indicible, sans pour autant cesser de présenter, matériellement, toutes les caractéristiques d'une marchandise. Ce processus est mené jusqu'à son terme dans le cas du Coca light décaféiné. Nous buvons du Coca - on pourrait également le dire de n'importe quelle boisson - pour deux raisons : soit pour sa capacité à étancher la soif, soit pour ses valeurs nutritives et son goût. Dans le cas du Coca light décaféiné, la valeur « nutritive » n'est plus en jeu et la caféine, considérée comme l'ingrédient clé de ses propriétés gustatives, non plus. Il ne reste qu'un pur semblant, la promesse artificielle d'une substance qui ne s'est jamais matérialisée. Si bien qu'en ce sens et quasi littéralement le cas du Coca light décaféiné propose à la pensée l'énoncé suivant : « Nous ne buvons rien en buvant quelque chose. »"

 

Slavoj Žižek, Fragile absolu. Pourquoi l'héritage chrétien vaut-il d'être défendu ?, 2000, tr. fr. François Théron, Champs essais, 2010, p. 37-39.


[1] Relatif à ou caractérisé par une aura, c'est-à-dire à une "atmosphère immatérielle qui enveloppe ou semble envelopper certains êtres".


 

  "La frontière sacro-sainte entre les besoins « véritables » ou légitimes et les pseudo-besoins « faux » ou répréhensibles (c'est-à-dire, besoins de choses dont on pourrait bien se passer, sauf par orgueil et désir morbide de lucre, de luxure et d'ostentation) n'a absolument pas été effacée. Tous les besoins, les actuels, ceux que nous connaissons, et les futurs, ceux que nous ne pouvons même pas imaginer, sont véritables, et les inimaginables pas moins que ceux que nous ressentons en ce moment.
  Les « besoins » augmentent, renforcés par des occasions de consommation. Les « besoins » sont des désirs provoqués par l'exposition à ces occasions. Le devoir auto-proclamé de la publicité à informer les consommateurs potentiels des nouveaux produits qu'ils n'auraient pas désirés auparavant puisqu'ils ne savaient pas qu'ils existaient ; produits qu'ils ne désireraient pas maintenant si on ne les tentait pas ni ne les séduisait. La majeure partie des sommes allouées aux budgets publicitaires passe dans l'information sur des produits promettant de satisfaire des besoins que les consommateurs autrement n'auraient pas conscience d'éprouver. La publicité a pour but de créer de nouveaux désirs et de modifier et réorienter les désirs existants ; or l'effet sommaire de l'exposition à la publicité n'est jamais de permettre à ces désirs – désirs de choses non encore possédées et de sensations non encore vécues – de s'adoucir et de s'apaiser."

 

Zygmunt Bauman, La société assiégée, 2002, IV, tr. fr Christophe Rosson, Hachette Littératures, coll. Pluriel, p. 203-204



  "Le développement des profits suppose de réveiller sans cesse notre appétit de consommation. Car on gagne moins d'argent en satisfaisant un besoin qu'en l'entretenant par l'obsolescence accélérée des biens.
  Ainsi, quel que soit le nombre de téléviseurs, de téléphones portables et de voitures dont nous disposons, il nous « manquera » toujours le modèle dernier cri. On fait souvent semblant de croire que la dernière nouveauté satisfera mieux nos besoins, car personne n'aime souffrir sans raison, et parce que l'utilité est le meilleur alibi pour justifier notre anxiété d'être privé du futile et de l'accessoire. Mais au fond, nous savons parfaitement que bien des « nouveautés » ne sont que de futures ex-nouveautés, qui rejoindront bientôt dans nos placards le cimetière déjà encombré de nos envies fugaces.
  Notre seule excuse est la pression à laquelle nous soumettent les marchands de nouveautés. À peine avez-vous consommé le plaisir de déballer votre nouvel ordinateur qu'il vous faut souffrir les publicités vantant des processeurs encore plus rapides, des cartes vidéo deux fois plus puissantes, des écrans plus plats, des souris plus craquantes. Que faire ? Souffrir en silence ? Commencer à économiser aussitôt pour racheter un ordinateur l'an prochain ? Ne rien acheter et ne pas profiter du progrès technique pour être sûr de n'en pas souffrir ? Il serait plus sage de simplement vous demander de quoi vous avez vraiment besoin, au lieu de chercher l'inaccessible moyen d'obtenir tout ce que vous n'avez pas."

 

Jacques Généreux, Les vraies lois de l'économie, Seuil, 2002, p. 270-271.

 


Date de création : 29/09/2007 @ 14:32
Dernière modification : 24/09/2019 @ 11:54
Catégorie :
Page lue 10594 fois


Imprimer l'article Imprimer l'article

Recherche



Un peu de musique
Contact - Infos
Visites

   visiteurs

   visiteurs en ligne

^ Haut ^