"Aucune de nos croyances n'est tout à fait vraie. Toutes ont eu au moins une ombre d'imprécision et d'erreur. On connaît bien les méthodes qui accroissent le degré de la vérité de nos croyances : elles consistent à écouter tous les partis, à essayer d'établir tous les faits dignes d'être relevés, à contrôler nos penchants individuels par la discussion avec des personnes qui ont des penchants opposés, et à cultiver l'habitude de rejeter toute hypothèse qui s'est montrée inadéquate. On pratique ces méthodes dans la science et grâce à elles on a établi un corps de connaissances scientifiques. Tout homme de science dont les idées sont vraiment scientifiques est prêt à reconnaître que ce qui passe pour une connaissance scientifique à un moment donné, demandera sûrement d'être corrigé par des découvertes nouvelles ; que, néanmoins, la science est assez proche de la vérité pour suffire à la plupart des besoins pratiques, mais non pour tous. Dans la science, quand il ne s'agit que d'une connaissance qui ne peut qu'être approximative, l'attitude de l'homme est expérimentale et pleine de doutes."
Bertrand Russell, Essais sceptiques, 1933, Chapitre XII, trad. A. Bernard, Collection des prix Nobel de Littérature, 1973, p. 177.
"Dès lors qu'on soutient qu'une croyance quelconque, de quelque nature qu'elle soit, est importante pour une autre raison que le fait qu'elle est vraie, toute une armée de maux est prête à surgir. Le découragement de la recherche […] est le premier de ceux-ci, mais d'autres suivront à peu près à coup sûr. Les positions d'autorité seront ouvertes aux orthodoxes. Les comptes rendus historiques doivent être falsifiés s'ils jettent un doute sur les opinions reçues. Tôt ou tard, on en arrivera à considérer la non-orthodoxie comme un crime qui doit être traité par le bûcher, la purge ou le camp de concentration. Je peux respecter les hommes qui arguent que la religion est vraie et, par conséquent, doit être crue ; mais je ne peux qu'éprouver une réprobation morale profonde pour ceux qui disent que la religion doit être crue parce qu'elle est utile, et que se demander si elle est vraie est une perte de temps."
Bertrand Russell, "Can Religion Cure Our Troubles ?", Why I Am not a Christian and Other Essays on Religion and Related Subjects, Simon & Schuster, New York, 1957, p. 197.
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Date de création : 10/11/2007 @ 12:25
Dernière modification : 06/02/2013 @ 19:32
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