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Texte à méditer :  Time is money.
  
Benjamin Franklin
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Hors des sentiers battus
Liberté individuelle et intérêt général

   "J'ai défendu quarante ans le même principe, liberté en tout, en religion, en philosophie, en littérature, en industrie, en politique : et par liberté, j'entends le triomphe de l'individualité, tant sur l'autorité qui voudrait gouverner par le despotisme, que sur les masses qui réclament le droit d'asservir la minorité à la majorité. Le despotisme n'a aucun droit. La majorité a celui de contraindre la minorité à respecter l'ordre : mais tout ce qui ne trouble pas l'ordre, tout ce qui n'est qu'intérieur, comme l'opinion ; tout ce qui, dans la manifestation de l'opinion, ne nuit pas à autrui, soit en provoquant des violences matérielles, soit en s'opposant à une manifestation contraire ; tout ce qui, en fait d'industrie, laisse l'industrie rivale s'exercer librement, est individuel, et ne saurait être légitimement soumis au pouvoir social."

 

Benjamin Constant, Mélanges de littérature et de politique, 1829, Préface, in Écrits politiques, Folio essais, 1997, pp. 623-624.


 

  "La seule raison légitime que puisse avoir une communauté pour user de la force contre un de ses membres est de l'empêcher de nuire aux autres. Contraindre quiconque pour son propre bien, physique ou moral, ne constitue pas une justification suffisante. Un homme ne peut pas être légitimement contraint d'agir ou de s'abstenir sous prétexte que ce serait meilleur pour lui, que cela le rendrait plus heureux ou que, dans l'opinion des autres, agir ainsi serait sage ou même juste. Ce sont certes de bonnes raisons pour lui faire des remontrances, le raisonner, le persuader ou le supplier, mais non pour le contraindre ou lui causer du tort s'il agit autrement. La contrainte ne se justifie que lorsque la conduite dont on désire détourner cet homme risque de nuire à quelqu'un d'autre. Le seul aspect de la conduite d'un individu qui soit du ressort de la société est celui qui concerne les autres. Mais pour ce qui ne concerne que lui, son indépendance est, de droit, absolue. Sur lui-même, sur son corps et son esprit, l'individu est souverain. "


Mill
, De la liberté, 1859, Chap. I, Éd. Gallimard, trad. L. Lenglet, 1990.


Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d'abord étudié dans son ensemble.


1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

2.a) Expliquez : « Contraindre quiconque pour son propre bien, [...] ne constitue pas une justification suffisante »

2.b) Quelle différence y a-t-i1 entre « faire des remontrances, [...] raisonner, [...] persuader ou [...] supplier» et « contraindre ou [...] causer du tort» ?

2.c) Expliquez: « Le seul aspect de la conduite d'un individu qui soit du ressort de la
société est celui qui concerne les autres ».

3. Est-il illégitime de contraindre quelqu'un pour son bien ?


 

    "Jusqu'à quel point la communauté devrait-elle intervenir dans la liberté individuelle, non en faveur d'un autre individu, mais en faveur de la communauté ? Et pour quelle fin devrait-elle intervenir ?

    Pour commencer, je dois dire que l'exigence du minimum de liberté - nourriture, santé, abri, vêtement, sexualité et paternité - doit passer avant toute autre exigence. Ce minimum-là est indispensable pour la survivance biologique, c'est-à-dire pour pouvoir laisser des descendants. Les choses que je viens d'énumérer peuvent donc être considérées comme le nécessaire ; ce qui vient après peut être nommé du confort ou du luxe, selon les circonstances. Or, je dois estimer comme justifiable a priori de priver une personne du confort afin de fournir à une autre le nécessaire. Cela peut n'être pas avantageux politiquement, cela peut n'être pas faisable économiquement, dans une communauté donnée et à un moment donné ; mais il n'y a rien à objecter à cela du point de vue de la liberté, car priver un homme du nécessaire constitue une plus grande atteinte à la liberté que l'empêcher d'accumuler le superflu. […]

    Tout en admettant le droit abstrait de la communauté à intervenir dans la liberté individuelle de ses membres afin d'assurer le nécessaire biologique à tout le monde, je ne puis admettre son droit d'intervenir dans les cas où la possession d'un homme n'est pas acquise aux dépens d'un autre. J'ai en vue des choses comme l'opinion, la science et l'art. Le fait que la majorité d'une communauté n'aime pas une opinion ne lui donne pas le droit de contrarier ceux qui la professent. Et le fait que la majorité d'une communauté désire ne pas connaître certaines choses, ne lui donne pas le droit d'emprisonner ceux qui désirent les connaître."


Bertrand Russell, Essais sceptiques, 1933, Chapitre XIII, trad. A. Bernard, Collection des prix Nobel de Littérature, 1973, p. 196 et p. 197.

 

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Date de création : 11/11/2007 @ 14:23
Dernière modification : 18/07/2011 @ 10:56
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