* *

Texte à méditer :   Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible.   David Rousset
* *
Figures philosophiques

Espace élèves

Fermer Cours

Fermer Méthodologie

Fermer Classes préparatoires

Espace enseignants

Fermer Sujets de dissertation et textes

Fermer Elaboration des cours

Fermer Exercices philosophiques

Fermer Auteurs et oeuvres

Fermer Méthodologie

Fermer Ressources en ligne

Fermer Agrégation interne

Hors des sentiers battus
Croyance et expérience sensible

  "On pourrait dire que, quand quelqu'un s'exclame « voilà Jones » et que je le crois, la cause de ma croyance est son exclamation et la cause de son exclamation est sa perception ; par conséquent, ma croyance se base encore sur une perception, encore qu'indirectement. Je ne désire pas nier ceci, mais, je le demande, comment est-ce connu ? En vue de mettre en évidence le point recherché, je supposerai qu'il est vrai que mon ami a dit « voilà Jones » parce qu'il a vu Jones, et que je croyais que Jones était là parce que j'avais entendu mon ami le dire. Mais, à moins que mon ami et moi soyons tous deux des philosophes, les deux mots « parce que » dans cet énoncé doivent être tous deux de nature causale non logique. Ce n'est pas en parcourant un raisonnement que j'arrive à la croyance que Jones est là ; étant donné un stimulus, la croyance naît spontanément et mon ami ne parcourt pas non plus un processus de raisonnement en passant du percept à l'énonciation : « Voilà Jones ». Ceci est également spontané. La chaîne causale est donc claire : Jones, en réfléchissant la lumière du soleil, est, chez mon ami, la cause d'un percept ; le percept cause l'énonciation « voilà Jones », l'énonciation cause un percept auditif chez moi, le percept auditif est la cause en moi de la croyance « Jones est quelque part dans le voisinage. » Mais la question que nous devons nous poser est la suivante : que dois-je savoir pour que, en tant que philosophe réfléchi, je puisse savoir que cette chaîne causale fournit un fondement à ma croyance ?
  Je ne m'occupe pas, pour le moment, des raisons que le sens commun invoque pour douter, raisons tirées des miroirs, des hallucinations auditives, etc. Je suis disposé à admettre que tout s'est produit comme nous le pensons naturellement et même, pour éviter des éléments hors cause, que dans tous les cas semblables, cela s'est produit de cette manière. Dans ce cas, mes croyances relatives aux antécédents d'ordre causal de ma croyance, que Jones est dans le voisinage, sont vraies. Mais une croyance vraie, ce n'est pas la même chose qu'une connaissance. Si j'ai des espérances de devenir père, je puis croire, en me fondant sur l'astrologie, que l'enfant sera un garçon. Quand le temps est venu, il se peut que ce soit un garçon, mais je ne puis pas dire que je savais que ce serait un garçon. La question est la suivante : Est-ce que la croyance vraie, dans la chaîne causale précédente, vaut mieux que la croyance vraie basée sur l'astrologie ?
  Il y a une différence manifeste. Les prophéties basées sur la chaîne causale précédente, lorsqu'elles peuvent être mises à l'épreuve, finissent par être vraies ; au lieu que les prophéties des astrologues, relatives au sexe d'un enfant, seront, dans une série de cas, aussi souvent fausses que vraies."

 

Russell, Signification et vérité, Chapitre XXI, 1940, tr. fr. Philippe Devaux, Champs Flammarion, 2001, pp. 324-325.

 

Retour au menu sur la raison et la croyance


Date de création : 28/01/2010 @ 16:40
Dernière modification : 20/09/2011 @ 20:01
Catégorie :
Page lue 6038 fois


Imprimer l'article Imprimer l'article

Recherche



Un peu de musique
Contact - Infos
Visites

   visiteurs

   visiteurs en ligne

^ Haut ^