"On sait que le travail des ouvriers chez Ford se trouve réduit, du fait de la mécanisation de ses usines poussée à l'extrême, à quelques gestes, toujours les mêmes, répétés devant une machine, un nombre connu et à peu près invariable de fois par jour. La machine prend ainsi rapidement beaucoup plus d'importance que l'homme dans la fabrication [...]. Chez Ford, n'importe qui peut remplacer n'importe quel ouvrier dans n'importe quel emploi, immédiatement, sans qu'il s'ensuive ou presque, de diminution dans le nombre de pièces fabriquées à la fin de la journée. [...] Ford encore s'est engagé à payer chacun de ces semi-inutiles, d'emblée, au moins 6 dollars par jour [...]. Il semble évident, d'après l'expérience patronale américaine, que ceux-ci forment une main-d'oeuvre stable et qui se résigne mieux qu'une autre plus éveillée au rôle extrêmement limité qui lui est réservé dans l'industrie moderne. [...] Chez Ford à peine 1 % des ouvriers quitte l'usine au cours de l'année, alors qu'à United Steel Corporation, le « turn over », le débauchage atteint encore 25 % du personnel et même, dans certaines industries américaines, jusqu'à 125 % avec des pertes annuelles de millions de dollars."
L.-F. Céline, "À propos du service sanitaire de l'usine Ford à Détroit", Cahier Céline N°3, 1928.
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