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Hors des sentiers battus
Les sciences de l'homme et la liberté humaine

  "Le motif d'où est né l'habitude de séparer ces sciences [les sciences de l'esprit], considérées comme une unité, de celles de la nature s'enracine dans ce qui donne à la conscience que l'homme a de lui-même sa profondeur et sa dimension de totalité. Avant même qu'il éprouve le besoin de rechercher l'origine du spirituel, l'homme trouve dans cette conscience de lui-même le sentiment que sa volonté est souveraine, qu'il est responsable de ses actes, qu'il peut tout soumettre à sa pensée et résister à tout en se réfugiant dans la citadelle que constitue la liberté de sa personne, grâce à laquelle il se distingue de la nature entière. En effet, il se découvre au milieu de cette nature, pour reprendre une expression de Spinoza, comme "imperium in imperio" [1]. Et, puisque n'existe pour lui que ce qui est un fait de sa conscience, chaque valeur, chaque fin de la vie s'inscrit dans ce monde spirituel qui agit en lui de façon autonome, le but de chacun de ses actes réside dans la création de faits spirituels. Ainsi s'établit-il une distinction entre le règne de la nature et un règne de l'histoire dans lequel, au milieu de l'ensemble soumis à une nécessité objective, et qui est la nature, la liberté jaillit, en d'innombrables points de ce tout, comme un éclair ; ici, les actes de la volonté - au contraire des changements qui s'opèrent dans la nature selon un cours mécanique contenant déjà en germe, dès l'origine, tout ce qui suivra - produisent réellement quelque chose grâce à une dépense d'énergie et à des sacrifices dont l'individu, dans son expérience, garde présente la signification ; ces actes finissent par provoquer une évolution, de la personne aussi bien que de l'humanité : ainsi se trouve dépassée, dans la conscience, cette répétition vide et monotone du cycle naturel dont se grisent, en y voyant un idéal du progrès historique, les adorateurs de l'évolution intellectuelle."

 

Wilhelm Dilthey, Introduction aux sciences de l'esprit, 1883, chapitre 2.


[1] Comme un empire dans un empire.



  "L'homme peut découvrir et établir grâce à des observations et des réflexions les lois du mouvement des corps célestes, de la vie des plantes, comme de celle des animaux, mais en aucun cas il ne peut mettre sa propre vie et celle de ses semblables, doués de raison et de liberté, en conformité avec des lois déduites de l'observation de la vie extérieure de l'humanité, sans prendre en considération les caractéristiques spécifiques de la raison et de la liberté que seuls les hommes possèdent. Cela revient à vouloir rechercher et définir les lois de la vie des animaux ayant la capacité d'effectuer des mouvements volontaires, possédant des sentiments extérieurs et un instinct, sur la base de lois déduites des observations sur une matière morte, voire sur des plantes ne possédant pas les spécificités des animaux.
  Il est vrai que l'homme peut s'abaisser et s'abaisse au niveau d'un animal, et il se conforme alors aux lois du règne animal et même de la matière morte. Mais dans ses manifestations communes il a toujours été et demeure un être qui se distingue de toutes les autres créatures du monde animal et du monde de la matière par la raison et la libre volonté qui le caractérisent lui, et seulement lui. C'est pourquoi sa vie, quelle qu'elle soit, aussi bien familiale que sociale, politique, internationale ou économique, ne s'organise pas, ne s'est pas organisée et ne doit en aucun cas s'organiser sur la base de lois générales objectives déduites de l'observation."

 

Léon Tolstoï, "Du socialisme", 1910, tr. fr. Bernard Kreise, in Sur la non-violence et le patriotisme, L'Herne, 2017, p. 63-64.

 

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Date de création : 07/05/2010 @ 15:52
Dernière modification : 12/03/2024 @ 10:52
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