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Texte à méditer :  Time is money.
  
Benjamin Franklin
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Hors des sentiers battus
L'identité sociale

  "Dans une société où chaque attitude d'un individu a une valeur de représentation sociale, les dépenses de prestige et de représentation des couches supérieures sont une nécessité à laquelle on ne peut se soustraire. Elles sont un instrument indispensable d'auto-affirmation sociale, surtout quand une compétition continuelle pour les chances de rang et de prestige tient en haleine tous les intéressés, comme c'était le cas dans la société de cour.{C}

  Quand un duc se propose de faire construire une maison, celle-ci doit bien être la maison d'un duc et non celle d'un comte. Cette remarque s'applique à tous les éléments de son train de vie. Il ne peut tolérer qu'un autre s'entoure d'allures plus « ducales » que lui ! Il doit veiller à ce que dans les rapports sociaux officiels il ait la préséance sur le comte. S'il avait un pays à gouverner, sa fonction réelle, sa puissance territoriale lui assureraient de toutes manières la préséance sur le comte. Mais même alors il serait important - sinon indispensable - que sa position privilégiée s'exprimât aussi dans ses rapports sociaux. Mais dans la société absolutiste les titres de noblesse ne comportent plus guère de fonctions de puissance ; ces titres, c'est le roi qui, d'une manière générale, les décerne. S'ils se rattachent à certains domaines, ces domaines ne permettent plus d'exercer un pouvoir réel ; ils sont des sources de revenus dont le porteur du titre peut disposer. Car toute la puissance appartient exclusivement au roi. Ainsi, le seul moyen de marquer son rang consiste à l'affirmer par la manière de se montrer dans la société. Affirmer son rang devient une nécessité absolue. Si l'argent fait défaut, le rang et partant l'existence sociale de son titulaire se trouvent grandement compromis. Un duc qui n'aménage pas sa maison comme il convient à un duc, qui, de ce fait, ne peut satisfaire aux obligations sociales d'un duc, a pour ainsi dire cessé d'être un duc."

 

Norbert Elias, La Société de cour, 1969, tr. fr. Pierre Kamnitzer et Jeanne Étoré, Flammarion, Champs essais, 1985, p. 43.



  "Tout individu a besoin d'autrui, car c'est grâce aux inter­actions avec les autres qu'il forge, exprime et préserve son identité et son originalité sociales. Pour l'individu, « être social, c'est avoir une identité personnelle au travers d'une appartenance à un groupe de référence », au sein duquel il se compare aux autres; et l'importance d'autrui se mesure au fait qu'à tout âge l'isolement provoque des expériences douloureuses et traumatisantes. L'identité, qui se situe à l'articulation du personnel et de la culture commune du groupe, tient d'abord aux rôles sociaux que l'individu assume du fait des positions qu'il occupe dans une struc­ture sociale. Mais elle tient aussi à la conscience que l'indi­vidu a de son appartenance à un certain groupe social et à la « signification émotionnelle et évaluative qui résulte de cette appartenance ». De plus, l'identité est liée à la façon dont les membres d'un groupe social se représentent leur propre groupe et d'autres groupes. En d'autres termes, l'identité sociale est liée à la catégorisation sociale, aux rapports entre groupes, et Deschamps (1982) a montré que la différenciation (la discrimination, la distance) entre soi et autrui et la différenciation entre groupes – établies par les mêmes sujets – variaient de façon concomitante. S'il est légitime de mettre ainsi l'accent sur la détermination sociale de l'identité, il ne faut nullement négliger la recher­che, par l'individu, d'une certaine originalité qui le distin­gue des autres membres du groupe. C'est dire qu'en plus de l'identité « sociale », il importe de reconnaître l'existence d'une identité plus « personnelle », qui correspond au souci de construire et de montrer aux autres une « image de soi » à la fois originale (c'est-à-dire « différente »), cohé­rente et permanente. Comme l'individu tient à ce que cette image personnelle et originale soit reconnue et éva­luée de façon positive par le groupe, il s'efforcera de réduire les discordances qu'il perçoit dans l'image que le groupe lui renvoie de lui-même."

 

Pierre Karli, L'Homme agressif, 1987, Odile Jacob, Opus, p. 125-126.

 

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Date de création : 07/06/2010 @ 17:43
Dernière modification : 21/11/2023 @ 09:58
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