"On dit qu'une proposition est analytique (ou tautologique) si elle est conséquence de toute proposition, et donc si elle est inconditionnellement vraie, quelles que soient par ailleurs les autres valeurs de vérité. Une proposition est dite contradictoire, si toute proposition de la langue en question est conséquence de cette proposition. Une proposition est dite synthétique, si elle n'est ni analytique ni contradictoire. En français, les propositions suivantes par exemple, sont analytiques « les chevaux sont des chevaux », « un cheval est en bonne santé ou malade », « 2 + 2 = 4 » ; les propositions « il y a des chevaux qui ne sont pas des chevaux », « il y a un cheval qui est à la fois en bonne santé et malade », « 2 + 2 = 5 », sont contradictoires ; les propositions « ce cheval est malade », « j'ai quatre crayons » sont synthétiques. Les Propositions synthétiques sont ce que l'on nomme, dans le langage ordinaire, des « affirmations sur la réalité ». Les propositions de la science du réel, aussi bien les lois universelles que les propositions concrètes qui portent sur certains objets ou certains phénomènes particuliers, sont synthétiques. Ces propositions synthétiques constituent en un certain sens le noyau de la science. Les propositions de la logique et des mathématiques sont analytiques. Considérées du point de vue du but pratique de la science, elles ne servent qu'à faciliter les opérations qu'on effectue avec les propositions synthétiques."
Rudolph Carnap, La tâche de la logique de la science, 1934, tr. fr. Sandrine Colas, Delphine Chapuis Schmitz et Pierre Wagner, in Philosophie des sciences – Théories, expériences et méthodes, Vrin, 2004, p. 201-202.