"Que l'homme de nos jours, grâce à la télégraphie sans fil envoie toutes les nouvelles qu'il veut jusqu'aux endroits du globe les plus éloignés en une minuscule fraction de seconde ; que, grâce aux avions, il s'élève dans les airs et survole de très haut les cimes des montagnes aussi bien que les mers ; que, grâce aux rayons de Röntgen, il explore l'intérieur de tous les êtres vivants et détermine même la position de chaque atome dans un cristal : voilà des opérations objectives de la science et de la technique, engendrées par elles et qui donnent des centaines de démentis aux vieux Akiba ; et devant lesquelles s'effondrent le savoir, tant vanté, de tous les sages, les artifices exercés durant des siècles par tous les mages et les enchanteurs. Qui voudrait encore, en présence de si palpables succès, fermer les yeux et déraisonner sur un effondrement de la science ne mériterait pas qu'on le réfute et ne ferait que se rendre ridicule. Quelle autre manière, en effet, d'administrer la preuve qu'il s'agit ici d'un véritable progrès dans la connaissance si ce n'est par l'examen des résultats qui sont sous nos yeux ? La seule marque à laquelle on puisse reconnaître la valeur de n'importe quelle sorte de travail est et reste cette fois encore dans les fruits qu'elle a donnés."
Max Planck, Initiations à la physique, 1934, Chapitre V, § 3, tr. fr. J. du Plessis de Grenédan, Champs Flammarion, 1993, p. 106.