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Texte à méditer :  Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m'est étranger.   Terence
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Cours sur l'inconscient
L'inconscient remet-il en cause la liberté de l'homme ?

Les livres à lire : Introduction à la psychanalyse de Sigmund Freud, La psychanalyse des contes de fée de Bruno Bettelheim.

 Freud va remettre en cause la maîtrise de l'homme sur lui-même en montrant que l'homme est gouverné dans ses actions par des pensées, des désirs, dont il n'a pas conscience.
→ cela va l'amener à faire l'hypothèse d'un inconscient psychique.
 Il existe donc selon lui un déterminisme des phénomènes psychiques, lequel remet en cause l'apparente liberté que les hommes croient posséder.
 
 Freud est au départ un médecin dont le but est de soigner un type de maladie mentale mystérieuse à l'époque : les névroses.
 
Définition : ensemble de troubles physiques et/ou mentaux (tics, obsessions, phobies, paralysie, etc.) dont le sujet est conscient, mais dont il ne trouve aucune explication.
 Le névrosé souffre d'un décalage entre ses tendances opposées, qui donne lieu à un conflit intérieur, source d'angoisse profonde.
Il existe trois grands types de névroses : névrose d'angoisse, trouble panique, anxiété chronique, névrose obsessionnelle, névrose phobique, névrose hystérique.
 
 Les névroses se distinguent des psychoses qui entraînent quant à elles une perte de contact avec la réalité commune et la création d'un monde propre singulier (complètement imaginaire et fantasmatique).
 Le psychotique vit dans un monde différent, dans un rêve intérieur ; il devient "étranger" à la réalité. La relation à autrui perd toute cohérence, et le psychotique attribue au monde des anomalies dont l'origine est en lui-même (l'agressivité qu'il croit constater chez autrui n'est que le produit de ses propres peurs).
→ idées délirantes, hallucinations.
 L'anosognosie, c'est-à-dire l'absence de conscience de l'état pathologique lors de l'épisode psychotique, est la règle (le psychotique n'a pas conscience de son état).
Ex. : paranoïa, schizophrénie, psychose maniaco-dépressive
 
Autre type de maladies mentales (sur lesquelles nous reviendrons plus bas) : les perversions.
 
 Freud commence par constater que les symptômes névrotiques ont pour origine une représentation insupportable, choquante, pour le sujet. Cette représentation a été chassée de la conscience, refoulée dans l'inconscient, mais va continuer à agir sur l'individu en prenant une voie détournée, celle d'un trouble physique ou comportemental, source d'angoisse profonde.
 Le traitement psychanalytique va alors consister à remonter jusqu'à l'origine des souffrances ou du comportement pour amener le patient à en prendre conscience pour pouvoir l'accepter et ainsi s'en délivrer.
 
 Réfléchissant sur la nature de l'inconscient, Freud va rapidement se rendre compte que les éléments refoulés ont toujours un rapport avec la sexualité, ou plus précisément avec des désirs sexuels.
 
 
→ texte introductif : le cas Elisabeth tirée des Études sur l'hystérie
 
  1. La théorie des pulsions.
 
 Selon Freud, c'est notre enfance qui va déterminer notre vie adulte. Autrement dit, ce que nous avons vécu pendant notre enfance va conditionner notre comportement à l'état adulte.
 
 L'enfant vient au monde avec des pulsions : pulsions d'autoconservation et pulsions sexuelles.
 
Pulsion : Une pulsion est une excitation provenant de l'intérieur de soi-même et qui engendre une sensation de déplaisir.
Plus précisément, c'est un processus dynamique consistant dans une poussée (d'où le terme de pulsion (Trieb en allemand) = charge énergétique, facteur de motricité), qui fait tendre l'organisme vers un but. Selon Freud, une pulsion a sa source dans une excitation corporelle (état de tension qui crée le déplaisir) ; son but est de supprimer l'état de tension qui règne à la source pulsionnelle ; c'est dans l'objet ou grâce à lui que la pulsion peut atteindre son but.
 
→ Cf. texte de Freud, Métapsychologie, Pulsion et destins des pulsions.
 
 La pulsion peut donc être caractérisée par 4 aspects :
 
-         elle a une source, à savoir une excitation somatique localisée
-         elle exerce une poussée, c'est-à-dire une certaine force ou exigence
-         elle tend vers un but, qui est la satisfaction, but invariable qui seul peut faire cesser la poussée pulsionnelle
-         elle possède un objet, ce en quoi, ou par quoi la pulsion peut atteindre son but. Cet objet a ceci de particulier qu'il peut varier : loin d'être originairement lié à la pulsion, il ne lui est adjoint qu'en raison de son aptitude à permettre la satisfaction, et seulement aussi longtemps que cette aptitude demeure.
 
Au départ, les deux types pulsions sont indistincts (confondus) ; l'enfant va satisfaire ses besoins vitaux (faim, soif, contact) et éprouver du plaisir en tétant sa mère (attention cependant, il peut aussi expérimenter aussi le déplaisir, ex : un biberon trop chaud ou trop froid). Pour Freud, "l'enfant est un pervers polymorphe", c'est-à-dire qu'il est "branché" sur ses pulsions sans connaissance de la réalité et sans prise en compte de l'autre ; c'est pourquoi il est capable de faire souffrir les autres (un pervers adulte étant quelqu'un qui, d'un point de vue psychique, est resté enfant).
 
 On peut distinguer quatre stades pulsionnels dans l'enfance :
 
-         Stade oral : 0-1 an
 
 La succion (puis la morsure) va devenirun plaisir en elle-même. La zone érogène (zone corporelle dont l'excitation engendre du plaisir) = la bouche. Et il s'agit de renouveler l'expérience de satisfaction : tétine, sucer son pouce, etc.
 Abraham a proposé de subdiviser ce stade en fonction de deux activités différentes : la succion (stade oral précoce) et la morsure (stade sadique oral, marqué par l'apparition des dents).
 Le stade orale persiste bel et bien à l'état adulte : plaisir du baiser, mâcher son stylo, fumer une cigarette, etc.
 
-         Stade sadique-anal : 1-3 ans
 
 À ce stade, la relation d'objet est imprégnée de significations liées à la fonction de défécation (expulsion-rétention) et à la valeur symbolique des fèces.
 C'est la période pendant laquelle intervient normalement la séparation de l'enfant et de la mère (Pb : certaines mères ne laissent pas l'enfant se séparer d'elles, elles ne le laissent pas grandir). Face aux interdits que commence à poser le père (les parents), l'enfant connaît la frustration et développe une agressivité.
émergence de sentiments sadiques. L'enfant veut être au centre du monde, c'est-à-dire être le seul intérêt de ses parents.
 
-         Stade phallique : 3-6 ans
 
 L'enfant prend progressivement conscience de son corps, et en particulier de la différence des sexes (zone érogène = organes génitaux, cf. apparition de la masturbation). C'est à ce moment qu'intervient le complexe d'Œdipe dont la manifestation est que le petit enfant veut se marier avec ses parents (avec sa mère pour le petit garçon, avec son père pour la petite fille).
 
 
→ cf. texte de Freud, L'interprétation des rêves
 
 Ce qu'a remarqué Freud, c'est que le petit garçon montre un intérêt particulier pour son père, il voudrait devenir et être comme lui, prendre sa place en tous points (= processus d'identification). En d'autres termes, il prend son père comme idéal. Simultanément à cette identification au père (et peut-être même antérieurement), le garçon a commencé à "investir" sa mère comme objet d'amour. Le garçon présente alors deux liens psychologiquement différents, avec la mère un investissement objectal nettement sexuel, avec le père une identification exemplaire. Les deux vont coexister pendant un temps sans s'influencer ni se perturber réciproquement. Cependant, par suite de l'unification, inévitable, de la vie psychique, ils vont finir par se rencontrer et c'est de cette confluence que va naître le complexe d'Œdipe normal.
 
 Le complexe d'Œdipe consiste dans le désir éprouvé par l'enfant pour le parent du sexe opposé (attention cependant, l'enfant n'est pas dans la sexualité, il ne veut pas "faire l'amour" avec le parent). Par rapport à ce désir (qu'on pourrait qualifier de fusionnel avec la mère chez le petit garçon), l'autre parent apparaît comme un obstacle, un rival (rappelons que le propre de tout rival, c'est d'être à la fois admiré (aimé) et haï).
 On pourrait résumer la situation en disant que pour le petit garçon, le père est ce qu'il voudrait être, et la mère est ce qu'il voudrait avoir.
 Le jeune garçon en veut à son père qui, en s'interposant l'empêche de jouir de l'attention exclusive de sa mère. Il veut que sa mère l'admire, lui le plus grand des héros ; cela signifie que d'une façon ou d'une autre, il doit se débarrasser du père. Il va donc avoir des sentiments d'hostilité vis-à-vis de celui-ci. Cette idée cependant crée de l'angoisse chez l'enfant : sans le père qui est là pour protéger les siens et prendre soin d'eux, qu'adviendrait-il de la famille ? Et qu'arriverait-il si le père apprenait que son garçon voulait l'éliminer ? Ne se vengerait-il pas de façon terrible ? L'enfant va donc avoir peur d'un châtiment. Freud va jusqu'à dire que le petit garçon éprouve une angoisse de castration. Face à cette angoisse, il va refouler son désir pour la mère et intérioriser l'interdit signifié par le père (c'est l'interdit de l'inceste).
 Pour la petite fille, la situation est quelque peu différente. Ce qui empêche la petite fille de vivre sans interruption une vie de bonheur avec son père, c'est une femme plus âgée qu'elle et malveillante (c'est-à-dire la mère). Mais la petite fille, en même temps, désire profondément continuer à bénéficier des soins de la mère. Les sentiments de la petite fille à l'égard de sa mère sont donc plus complexes que pour le garçon vis-à-vis de son père.
 
Notons que la notion de complexe d'Œdipe a été vivement critiquée, aussi bien par des psychanalystes antérieurs à Freud, que par des représentants d'autres disciplines, comme l'anthropologie et l'ethnologie.
 La notion de complexe d'Œdipe paraît en effet indissociable d'une forme familiale précise, dite "nucléaire", où le père, la mère et les enfants vivent sous le même toit et où le père biologique exerce l'autorité parentale sur l'enfant. Or, nous enseigne l'ethnologie de la famille, cette forme d'organisation familiale n'a rien d'universel : dans de très nombreuses cultures, le dépositaire de l'autorité vis-à-vis de l'enfant n'est pas le père, mais l'oncle maternel, d'où de très nombreuses difficultés puisque le complexe d'Œdipe tel qu'il est décrit par Freud suppose une identité entre le père biologique (avec lequel la mère partage une complicité que l'enfant jalouse) et la figure paternelle autoritaire qui s'interpose entre l'enfant et la mère. Si ces deux rôles sont dissociés, il n'est pas sûr que le complexe d'Œdipe puisse se déclencher.
 
-         De 6 ans à la puberté, c'est la période de latence : la curiosité sexuelle va se transformer, se sublimer en curiosité intellectuelle.
 
-         Stade génital : puberté
 
 Intervient alors la reviviscence des pulsions, laquelle entraîne, entre autres, la fameuse "crise de l'adolescence".
 
  1. La structure de l'esprit humain.
 
   Dans sa 2e topique, Freud distingue trois instances du psychisme humain :
 
 
    1. Le ça
 
C'est l'inconscient originel. Le groupe des pulsions qui cherchent la satisfaction (c'est le réservoir des pulsions). ≈ part instinctive de l'homme.
 C’est l’ensemble des pulsions inconscientes, héréditaires et innées, ou refoulées et acquises.
 Le ça est le réservoir de l’énergie psychique, des énergies pulsionnelles (certes énergie d'origine sexuelle constitue la libido), sans structure, intemporelles, indifférentes à la pensée logique.
 
Le ça obéit au seulprincipe de plaisir, c'est-à-dire à l’effort constant que fait l’homme pour obtenir la satisfaction la plus grande possible par la réduction des excitations pénibles.
 
-         Les processus qui se déroulent dans le ça n’obéissent pas aux lois de la logique : pour eux le principe de contradiction est nul.
® des émotions contradictoires y subsistent sans se contrarier, sans se soustraire les unes les autres.
-         Pas de temporalité : les désirs qui n’ont jamais surgi hors du ça, de même que les impressions qui y sont restées enfouies par suite du refoulement sont virtuellement impérissables.
-         Le ça ignore les jugements de valeur, le bien et le mal, la morale.
 
    1. Le Surmoi :
 
→ Cf. texte de Freud, Psychanalyse et médecine : "Dans le « Moi » lui-même, une instance particulière s'est différenciée, que nous appelons le « Surmoi »…"
 
 Le Surmoi constitue l'intériorisation de tous les interdits, de tous les tabous (ce qui ne doit pas venir sur l'espace public) propres à une société et transmis par l'intermédiaire de la famille. C'est une sorte de juge ou de censeur permanent du Moi, d’où émanent interdictions et contraintes, ainsi que l’image des comportements qu’il faudrait adopter pour lui être agréable (Idéal du Moi).
 Sa juridiction plonge jusque dans le ça et rencontre des refoulements et des censures inconscientes. Mais alors que le ça existe dès la naissance, le Surmoi se forme pour Freud (pour d’autres auteurs, l’intériorisation des interdits est bien antérieure), au moment de la liquidation du complexe d’Œdipe (3-5 ans), par l’intériorisation des exigences et des interdits parentaux, lorsque l’enfant s’identifie à eux et forme son propre Surmoi à l’image du leur. Il est donc au fond d’origine sociale et sa sévérité s’alimentera ultérieurement à celles des instances sociales, morales ou religieuses. C’est lui qui refuse la satisfaction de la plupart des pulsions.
 La conscience morale, l’auto-observation, la formation d’idéaux sont des fonctions du Surmoi.
 
On peut distinguer deux dimensions du Surmoi : le Sur-moi proprement dit qui fait fonction de juge, qui s'institue comme instance critique, et l' Idéal du Moi qui prend pour le sujet valeur de modèle.
→ Nunberg écrit ainsi : "Alors que le Moi obéit au Surmoi par peur de la punition, il se soumet à l'Idéal du moi par amour"[1].
 Ne pas répondre aux exigences du Surmoi entraînerait culpabilité, alors que ne pas répondre aux exigences de l'Idéal du Moi entraînerait un sentiment d'infériorité.
Daniel Lagache écrit quand à lui que : "le Surmoi correspond à l'autorité et l'Idéal du moi à la façon dont le sujet doit se comporter pour répondre à l'attente de l'autorité"[2].
→ dans le vécu psychique, les deux niveaux sont imbriqués, si bien qu'il est difficile de les distinguer.
 
 Le Surmoi est le successeur et le représentant des parents, et de manière plus large, de l'ensemble des personnes qui ont participé à l'éducation de l'enfant. Celui de l'enfant ne se forme pas cependant à l'image des parents, mais bien à l'image du Surmoi de ceux-ci, comme l'écrit clairement Freud :
 
"Le Surmoi dérive de l'influence exercée par les parents, les éducateurs, etc. En général, ces derniers se conforment, pour l'éducation des enfants, aux prescriptions de leur propre Surmoi. [...] Le Surmoi de l'enfant ne se forme donc pas à l'image des parents, mais bien à l'image du Surmoi de ceux-ci ; il s'emplit du même contenu, devient le représentant de la tradition, de tous les jugements de valeur qui subsistent ainsi à travers les générations."
 
 
 
 L'estime de ce "maître" entraîne soulagement et satisfaction, ses reproches, remords et culpabilité.
 
Exemple : nous avons tous en nous des pulsions exhibitionnistes. Les petits enfants les satisfont naturellement ; ils se promènent ainsi nus dans la maison, sur la plage, sans éprouver aucune gêne, mais au contraire du plaisir. À l'inverse, les adultes connaissent le sentiment de pudeur, qui fait qu'ils éprouvent de la honte à montrer leur nudité en public. Ici, c'est le Surmoi qui agit en nous culpabilisant ; il s'agit d'une règle sociale qui a été intériorisée. Toutefois, on voit que les Surmoi des individus sont tous différents, car les nudistes n'éprouvent quant à eux aucune gêne à se dénuder en public (leur Surmoi ne les culpabilise pas).
 
 L'important pour Freud, c'est que les pulsions refoulées vont continuer à s'exprimer et exercer une influence sur la vie de l'individu.
 
    1. Le Moi
 
C'est le lieu des processus intellectuels, de la conscience.
On pourrait dire qu'il représente en quelque sorte la raison ou la sagesse, là où le ça représente les passions.
Le Moi, c'est aussi ce que je sais de moi au jour X, que je me trompe ou non. C'est la personnalité consciente.+
 
 Son but : substituer le principe de réalité au principe de plaisir.
 
 
→ Cf. texte de Freud, Psychanalyse et médecine
ou texte de Freud, Nouvelles conférences de Psychanalyse.
ou texte de Freud, Introduction à la psychanalyse, pp. 335-336.
 
 Le Moi est tourné vers le monde extérieur et transmet les impressions reçues. C'est durant son fonctionnement que se produit le phénomène de la conscience. Il constitue l'organe sensoriel de tout l'appareil et perçoit non seulement les excitations du dehors, mais aussi celles de l’intérieur, celles de la vie spirituelle. Le Moi a donc pour mission d’être le représentant du monde extérieur aux yeux du ça.
 Son rôle est d’assurer la synthèse de la personne par un compromis toujours remis en question entre les exigences contradictoires du ça, de la réalité dont il a conscience et du Surmoi. Il est soumis à une triple servitude et est de ce fait menacé par trois sortes de dangers : celui qui vient du monde extérieur, celui de la libido du ça et celui de la sévérité du Surmoi. C’est pourquoi les motifs sont multiples de renoncer à une satisfaction.
 
 On peut résumer la contradiction du principe de plaisir par l'éducation en trois étapes:
 
  1. "Éducateurs et parents, en tant que représentés par le Surmoi, restreignent au moyen d'interdictions et de puni­tions, l'activité du moi, et favorisent ou imposent l'instauration de refoulements"[4].
  2. "De l'enfant humain, nous savons qu'il ne peut mener à bien son développement vers la culture sans passer par une phase de névrose plus ou moins nette [consécutive à des] actes de refoulement derrière les­quels se trouve, en général, un motif d’angoisse."[5]
  3. "Parmi les forces instinctives ainsi refoulées, les pulsions sexuelles jouent un rôle considérable : elles subissent une sublimation, c'est-à-dire qu'elles sont détournées de leur but sexuel et orientées vers des buts socialement supérieurs qui n'ont plus rien de sexuel". Cf. plus bas.
 
3.      Le retour du refoulé.
 
    1. Phénomènes pathologiques.
 
-         Névroses :
 
 Les symptômes névrotiques sont l'expression symbolique d'une pulsion qui est interdite par le Surmoi. Ils sont le résultat d'un compromis entre un désir qui cherche à se réaliser et une censure qui interdit l'expression de ce désir. Le désir va donc se manifester sous forme symbolique.
 
-         Perversions :
 
 Le terme de perversion désigne une déviation par rapport à l'acte sexuel "normal", défini comme coït visant à obtenir l'orgasme par pénétration génitale, avec une personne de sexe opposé. C'est en fait le retour à un stade de la sexualité qui précède la construction du Surmoi.
→ le cannibalisme, le sadisme (le mot "sadisme" fait référence au Marquis de Sade), le masochisme (le mot "masochisme" fait référence à Léopold von Sacher-Masoch), l'exhibitionniste sexuel, le voyeurisme, le transvestisme, le fétichisme sont des perversions proprement sexuelles.
 Mais on parle aussi de "perversions morales" (opposées donc aux perversions sexuelles) parmi lesquelles on retrouve la mythomanie, la kleptomanie, la pyromanie, la perversion narcissique (l'imposteur, l'escroc et le joueur pathologique peuvent aussi être rangés parmi les pervers moraux).
 
    1. Phénomènes normaux.
 
-         Sublimation :
 
 C'est la satisfaction des pulsions sexuelles sur un mode socialement acceptable. C'est-à-dire que l'on satisfait une pulsion sans que la société ne nous en empêche (nous encourage même). Plus exactement, une pulsion sexuelle refoulée subit une sublimation lorsqu'elle change de but et s'oriente vers un nouveau but qui n'est pas de nature sexuelle.
 
"Parmi les forces instinctives ainsi refoulées, les émotions sexuelles jouent un rôle considérable ; elles subissent une sublimation, c'est-à-dire qu'elles sont détournées de leur but sexuel et orientées vers des buts socialement supérieurs et qui n'ont plus rien de sexuel"[6].
 
Ex. : un profil pulsionnel sadique deviendra par la sublimation juge, policier, etc. ; un profil pulsionnel exhibitionniste deviendra acteur, professeur, etc.
Autre exemple : le phénomène très en vogue du "blog" peut être facilement interprété comme un exemple de sublimation. En effet, en "racontant sa vie" publiquement (puisque le propre du blog c'est qu'il est potentiellement visible par tous), on satisfait en quelque sorte une pulsion exhibitionniste (on se montre au monde).
La création artistique constitue aussi pour Freud un exemple de sublimation.
 
→ Cf. texte de Freud, Introduction à la psychanalyse, p. 354-355, Payot, 1987.
 
-         Actes manqués : oublis (de noms propres, de noms ou de suites de mots, de projets, etc.), lapsus, erreurs de lecture ou d'écriture, pertes d'objets.
Freud fait l'analyse des actes manqués dans la Psychopathologie de la vie quotidienne (1903). Il explique ces phénomènes par le mécanisme du refoulement, lequel peut s'exprimer dans deux directions.
  1. Le refoulement est efficace, et nous empêche donc d'accéder à une idée, un sentiment qui nous est désagréable (ce pourquoi il a été refoulé). Il entraîne alors l'oubli de cette idée ou de ce sentiment.
  2. Le refoulement disparaît momentanément, et laisse alors "passer" par exemple un désir refoulé. C'est le cas du lapsus, de l'oubli ou de la méprise.
Exemple de lapsus : une élève qui parle d'un de ses camarades de classe en disant "Il est dans ma chambre", au lieu de "Il est dans ma classe."
 
-         Rêves : pour Freud :
 
"L'interprétation des rêves est, en réalité, la voie royale de la connaissance de l'inconscient."
 
 
 
 Les rêves sont en fait la réalisation de désirs inconscients. En d'autres termes, le rêve apparaît comme la réalisation déguisée de désirs refoulés.
 Freud distingue le contenu manifeste du rêve, c'est-à-dire le rêve tel qu'il nous apparaît, et le contenu latent du rêve, c'est-à-dire ce que le rêve signifie réellement, ou ce qu'il symbolise.
 Quand nous dormons, la réalité n'existe plus, donc ne peut pas nous empêcher d'assouvir nos pulsions, mais parce le Surmoi est toujours actif, même s'il est moins vigilant. Le contenu manifeste du rêve est en fait le substitut altéré des "idées oniriques latentes" qui sont déformées par le Surmoi qui se défend. Il s'agit en fait là encore de résistances qui interdisent absolument aux désirs inconscients d'entrer dans la conscience à l'état de veille.
 De ce point de vue, le cauchemar (qui apparemment constitue tout sauf la réalisation d'un désir refoulé) n'est que l'expression de la peur devant le désir refoulé. C'est le Surmoi qui lutte contre le désir et produit de l'angoisse.
 
 
Conclusion
 
 La démarche de Freud peut se résumer en deux formules. Premièrement, Freud a montré que pour comprendre les comportements humains, il était nécessaire de faire l'hypothèse d'un inconscient psychique, qui déterminait une grande partie de nos pensées et actions, si bien que notre croyance en la complète maîtrise de celles-ci était illusoire. C'est ce que Freud exprime ainsi :
 
"Le Moi n'est pas maître dans sa propre maison"[8].
 
Deuxièmement, toute la démarche de Freud (c'est-à-dire la démarche psychanalytique) est de nous aider à prendre conscience de cette part inconsciente de notre esprit (du moins une partie), et ainsi retrouver une plus grande liberté. Comme le dit Freud :
 
"Là où le ça était, le Moi doit advenir"[9].
 

[1] Principes de psychanalyse, P.U.F., Paris, 1957, p. 155.
[2] La psychanalyse et la structure de la personnalité, in La psychanalyse, P.U.F., VI, 39.
[3] Nouvelles conférences sur la psychanalyse.
[4] Abrégé de Psychanalyse.
[5] L’avenir d’une illusion, Chapitre VIII, p. 44.
[6] Introduction à la psychanalyse, Première partie : Les actes manqués, Introduction, p. 13.
[7] Cinq leçons sur la psychanalyse, 3e leçon, Payot, p. 36.
[8] "Une difficulté de la psychanalyse", in Essais de Psychanalyse appliquée.
[9] "Wo Es war, soll Ich werden", Nouvelles conférences sur la psychanalyse (1933), 3e conférence.


Date de création : 27/02/2011 @ 15:30
Dernière modification : 18/11/2011 @ 10:38
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